Une année
de street art
à Mulhouse
Le street art est de plus en plus présent à Mulhouse. En plus du M.U.R. de la rue de la Moselle, le parking de Kinepolis s'est habillé de couleurs cet été. Retour sur cette année artistique prolifique.
L’artiste mulhousien Falcone s’est emparé du M.U.R. pour le premier mur de l'année 2020 en janvier. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
L’artiste mulhousien Falcone s’est emparé du M.U.R. pour le premier mur de l'année 2020 en janvier. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Falcone osait pour la première fois une œuvre d’une dimension plus imposante que ses toiles habituelles. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Falcone osait pour la première fois une œuvre d’une dimension plus imposante que ses toiles habituelles. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Falcone est le fils de Renato Montanaro. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
Falcone est le fils de Renato Montanaro. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien Naart Beerpainting a réalisé ce M.U.R. dans un style pointilliste. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien Naart Beerpainting a réalisé ce M.U.R. dans un style pointilliste. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Un peu de peinture acrylique noire sur le goulot de la bouteille permet de réaliser cette œuvre en « pointillisme 2.0 ». Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Un peu de peinture acrylique noire sur le goulot de la bouteille permet de réaliser cette œuvre en « pointillisme 2.0 ». Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Chaque diamètre est identique, mais l’épaisseur n’est pas uniforme. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Chaque diamètre est identique, mais l’épaisseur n’est pas uniforme. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Nicolas Thollot-Arsac de son vrai nom se sert d’un outil plutôt original, le goulot d’une bouteille de bière, pour réaliser ses œuvres. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Nicolas Thollot-Arsac de son vrai nom se sert d’un outil plutôt original, le goulot d’une bouteille de bière, pour réaliser ses œuvres. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Un thème qui a fait l’unanimité : Retour vers le futur. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Un thème qui a fait l’unanimité : Retour vers le futur. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
L’artiste bâloise Ana Vujic était l’artiste invitée pour le premier MUR de l’été. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
L’artiste bâloise Ana Vujic était l’artiste invitée pour le premier MUR de l’été. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Ana Vujic est également historienne de l’art, enseignante et guide de musées. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Ana Vujic est également historienne de l’art, enseignante et guide de musées. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
"Les appareils ménagers cassés sont les images de la surconsommation et du gaspillage, c’est un problème de société", explique l'artiste.
"Les appareils ménagers cassés sont les images de la surconsommation et du gaspillage, c’est un problème de société", explique l'artiste.
Et ce masque échoué, c'est celui de l'artiste.
Et ce masque échoué, c'est celui de l'artiste.
Julien « Judd » a trouvé l’inspiration pendant le confinement pour créer son graffiti rue de la Moselle à Mulhouse. Photo L’Alsace /Jean-François FREY
Julien « Judd » a trouvé l’inspiration pendant le confinement pour créer son graffiti rue de la Moselle à Mulhouse. Photo L’Alsace /Jean-François FREY
L’œuvre de Julien « Judd » s’intitule « Du vent dans les têtes ». Photo L’Alsace /Jean-François FREY
L’œuvre de Julien « Judd » s’intitule « Du vent dans les têtes ». Photo L’Alsace /Jean-François FREY
La panthère de Falcone prête à bondir
Le premier M.U.R. de l’année 2020 a été confié à l’artiste mulhousien Falcone. Il a fait le choix d’une panthère stylisée, pour marquer l’entrée dans l’année. Une œuvre originale pour un amoureux du bestiaire.
Sur le grand M.U.R. de la rue de la Moselle depuis peu, les promeneurs découvrent une nouvelle d’œuvre d’artiste. Sa grande page blanche a été confiée à un jeune artiste mulhousien Falcone , dont le nom commence à être connu dans la région et au-delà. Il a choisi de dessiner une panthère, un animal dont il se sent proche. « J’ai toujours eu un faible pour les animaux et suis fasciné par les félins. Leur expression et leur dynamisme m’interpellent. Je suis à l’aise pour les dessiner. Pour réaliser ce M.U.R., j’ai voulu que la panthère soit bien posée et s’intègre dans la ville. Aussi, elle est aussi en position de défense. » Pour la mettre en évidence, Falcone l’a entourée de nuages en arrière-plan. « Il faut le lien entre le motif et le M.U.R., pour mieux mettre l’animal en perspective. »
« Un défi pour moi »
Falcone ose pour la première fois une œuvre d’une dimension plus imposante que ses toiles habituelles. « C’est un défi pour moi, une surface aussi grande et installée à l’extérieur. J’ai réalisé en amont un croquis à partir de logiciels d’illustrateurs. Croquis que j’ai projeté sur le mur pour en respecter l’échelle. J’ai hérité de mon père (Renato Montanaro) le travail du trait. Mais le mélange des techniques comme l’aérographe et la peinture acrylique sont une des bases de ma palette », explique cet artiste, qui se qualifie d’autodidacte.
Peintre et sculpteur, il a suivi des cours à Lisaa (L’institut supérieur des arts appliqués) de Strasbourg et participé à plusieurs éditions du salon art3f. Il n’oublie de rendre hommage à son père qui, dès son plus jeune âge, lui a ouvert les portes de son atelier à Mulhouse.
« Il me prêtait du matériel le mercredi et me laissait un maximum de liberté. Je l’ai beaucoup regardé faire, surtout pour la technique. Mais nous n’avons jamais travaillé ensemble ».
Sabine HARTMANN, le 25 janvier 2020
Une étonnante fresque pointilliste 2.0
L’œuvre du mois de février était surprenante. Elle fait la part belle aux petits ronds noirs réalisés à partir… d’un goulot d’une bouteille de verre. Nicolas Thollot-Arsac innove avec cette approche pointilliste 2.0.
Sur le grand M.U.R. de la rue de la Moselle, à Mulhouse, l’artiste Nicolas Thollot-Arsac applique consciencieusement sur le fond blanc, d’innombrables ronds noirs. « C’est comme un jeu d’ombre et de lumière, entre noir et blanc. Pour le réaliser, j’utilise de la peinture acrylique noire que j’applique avec le goulot d’une bouteille en verre. » Chaque diamètre est identique, mais l’épaisseur n’est pas uniforme et donne une vibration lumineuse à l’œuvre. Une ville qui lui a rappelé le film « Retour vers le futur » de Robert Zemeckis et ses deux personnages principaux Doc Brown et Marty McFly. Ils sont donc représentés avec leur véhicule imposant, la fameuse DeLorean. Nicolas Thollot-Arsac y a associé la Tour de l’Europe. « Elle n’est pas bien mise en valeur et vieillissante. La représenter de la sorte, c’est lui donner un air plus moderne. »
Le pointillisme 2.0., une histoire d’amitié
Pour réaliser son travail à l’échelle, il a sauvegardé sur son portable, l’esquisse qu’il a réalisée à partir de Photoshop. L’artiste a également quadrillé le mur dans un souci de respect des proportions. « Le plus délicat, c’est de réaliser les visages », commente-t-il.
La naissance de ce pointillisme 2.0 est aussi celle d’une amitié entre deux étudiants. « Nous avons eu l’idée en 2015, avec mon ami Alexandre Caillarec, de peindre avec des bouteilles de bière vides, -d’où leur nom d’artistes, NAART Beerpainting - alors qu’elles étaient posées à côté de pots de peinture. Depuis, nous réalisons des empreintes de goulot en verre, sur différents supports, toile ou mur, pour réaliser portraits de célébrités (Paul Bocuse, Nelson Mandela, Simone Veil, Frieda Kahlo…), dessins d’animaux (girafes, cétacés…), ou certains personnages de dessins animés de Walt Disney. Ces empreintes sont comme des pixels. »
« Tenter l’expérience à Mulhouse »
Les deux artistes sont issus de l’ENSAAMA (École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art) et diplômés dans la catégorie fresque. Ils ont commencé leur carrière en réalisant des scénographies à Paris. Depuis, ils ont participé à ART Basel et Miami en 2019 avec la création d’œuvres en direct et connaissent une carrière internationale avec des expositions à Londres, Los Angeles et plus près, dans quelques grandes villes en France, dont Nantes, où leur carrière a vraiment décollé.
À Mulhouse, Nicolas Thollot-Arsac a postulé seul avec son projet de « Retour vers le futur ». Projet qui avait été retenu par le comité du MUR depuis plus d’une année. « Même si Mulhouse est plutôt pour moi, la ville du repos, avec ma famille, j’ai voulu tenter l’expérience. »
Sabine HARTMANN, le 29 février 2020
Les messages en noir et blanc d'Ana Vujic
C’est avec plaisir que les promeneurs et chalands de la rue de la Moselle à Mulhouse ont retrouvé une nouvelle œuvre de street art. Mi-juin, Ana Vujic, une artiste bâloise, a joué une partition en noir et blanc et tout en symboles.
Le nouveau M.U.R (Modulable Urbain Réactif) est en cours d’élaboration depuis ce lundi 22 juin, pour toute la semaine. Il sera visible jusqu’au 25 juillet. Ana Vujic , l’artiste invitée est également historienne de l’art, enseignante et guide de musées. Un parcours qui l’amène à s’interroger sur la société actuelle.
C’est un mur blanc qui a inspiré l’artiste Ana Vujic pendant 15 jours, avant de s’y étendre version noir et blanc. Elle est venue à Mulhouse et s’est laissé guider par sa sensibilité. Cette passionnée avoue son admiration pour l’Expressionnisme allemand et pour l’artiste Käthe Kollwitz ( dont le musée d’art moderne de Strasbourg avait organisé une rétrospective de 170 œuvres, du 4 octobre 2019 au 12 janvier 2020 ). « Cette artiste engagée a fait, à travers son travail de sculptrice, dessinatrice et graveuse, une critique sociale et a illustré les grands drames de son époque. Elle reste pour moi, un modèle, sa démarche m’interpelle. »
« Créer n’est pas pour moi, faire de la décoration »
Née en Serbie, Ana Vujic a suivi, à l’âge de dix ans, sa famille venue s’installer à Bâle. C’est dans cette ville universitaire qu’elle a réalisé un cursus d’histoire de l’art, de pédagogie et de communication. Elle est enseignante à la Schaulager Schule de Münchenstein près de Bâle où elle dispensait encore des cours avant le confinement dû à l’épidémie de la covid-19. Son travail à Mulhouse était programmé pour le mois de mars. Ana Vujic est la première artiste à intervenir après le déconfinement et présente une œuvre déroutante au premier regard.
Sont alignés en composition de traits noirs, une femme entourée d’un bateau et d’objets volumineux comme un réfrigérateur et un téléviseur cassés. « À Mulhouse, j’ai une semaine pour finaliser cette œuvre, c’est un luxe dans le street art. Mon objectif est de permettre au spectateur de plonger dans le tableau, de s’interroger sur ce qu’il voit de face. Créer n’est pas pour moi, faire de la décoration. » Aussi, elle a d’abord réalisé son esquisse au feutre avant de la mettre en perspective et de créer des pochoirs pour la réaliser. Sur ce MUR, elle a conçu trois grands pochoirs en papier : le bateau, la femme et la partie technique (réfrigérateur, téléviseur et pince de chantier). Ils lui ont permis d’utiliser de peinture acrylique noire. Les finitions sont réalisées au pinceau.
Des images de la surconsommation et du gaspillage
« J’ai vu beaucoup de personnes faire du shopping au centre-ville de Mulhouse. Je m’en suis inspirée pour la femme, les habits rétro permettent un jeu subtil de pli et donc d’ombre et de lumière. Le bateau représente l’idée que l’on se fait de la nature parfaite, mais il est posé sur la terre, cause du réchauffement climatique. Le bateau c’est aussi le choix de prendre telle ou telle direction. Les appareils ménagers casés sont les images de la surconsommation et du gaspillage, c’est un problème de société. J’y ai rajouté une cannette, celle que j’ai bue hier et le masque usager que j’ai utilisé. Le tout est entouré au second plan, de montagnes de détritus, comme un appel à consommer autrement. »
Le hasard n’a pas sa place dans cette réalisation, Ana Vujic s’interroge et nous interroge. Et les personnes qui regardent son œuvre ne s’y trompent pas.
Sabine HARTMANN, le 25 juin 2020
« Du vent dans les têtes » avec Judd
La 71e œuvre de street art proposée sur le M.U.R., rue de la Moselle à Mulhouse, a été confiée à Julien « Judd ». Une fresque colorée baptisée « Du vent dans les têtes », imaginée lors du confinement, à découvrir pendant trois semaines.
Après le noir et blanc de l’artiste bâloise Ana Vujic le mois dernier, place à la couleur avec Julien « Judd ». Ce « terrien né à Strasbourg », 47 ans, qui « ne [se] revendique pas artiste », est à l’origine de la nouvelle fresque qui doit être finalisée ce samedi 1er août, sur le M.U.R. (modulable, urbain, réactif) de la rue de la Moselle, à Mulhouse. Du vent dans les têtes , son œuvre entamée jeudi, est inspirée d’un brouillon réalisé sur une toile pendant le confinement. « Je voyais les gens perdre leur lucidité, avoir de l’eau ou du vent dans la tête, explique Julien « Judd ».
En langage street art, cette idée donne naissance à un immense fond rouge, sur lequel se détachent plusieurs visages représentés par des boîtes colorées. « La conscience est là-haut, mais elle a les yeux vides », fait remarquer celui qui, dans la vie de tous les jours, est régisseur au Grillen, salle dédiée aux musiques actuelles à Colmar.
Matérialisé par des lignes blanches, le vent passe d’une boîte à l’autre, du visage violet au bleu, du vert au brun. « J’aime faire cohabiter des couleurs qui ne vont a priori pas ensemble. C’est peut-être une manière de dire qu’on est tous différents, mais que si on est ensemble, ça peut marcher quand même », développe le grapheur. Il souhaite rendre sa création « ludique, simple, naïve » ; et que les gens qui ne comprennent pas le sens « soient au moins contents de voir de la couleur » dans une rue où, chaque mois, un artiste a carte blanche pour s’exprimer grâce à l’association Le Mur Mulhouse.
Le graff « pour sortir la nuit »
Entre deux coups de bombe bleue pour donner vie aux nuages, métaphore du flottement de la scène, Julien « Judd » descend de son escabeau et raconte avoir commencé le graff en 1987 « dans un esprit de sauvagerie, pour sortir la nuit et mentir à [ses] parents ». « Le graffiti, c’était un prétexte », ajoute l’amoureux de skate, de bandes dessinées et de culture punk, venu au street art en autodidacte, qui « refuse huit propositions sur dix » et fait « très rarement » des expositions. « Je n’avais plus peint sur une surface aussi grande depuis plus d’un an », ajoute-t-il. Coronavirus oblige, il n’y aura pas de vernissage pour présenter le résultat. Mais chacun est invité, ce samedi pour rencontrer l’artiste, ou ces trois prochaines semaines pour se contenter de l’œuvre, à lever les yeux au mur en passant rue de la Moselle.
Esteban WENDLING, le 1er août 2020
C’est Felix Wysocki qui est entré en contact avec l’association le M.U.R Mulhouse, il y a de ça plusieurs mois. Celle-ci s’est recentrée sur des artistes locaux, puisque la pandémie mondiale de coronavirus a bouleversé sa programmation (prévue normalement plus d’un an à l’avance) en empêchant les artistes étrangers de venir en France. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
C’est Felix Wysocki qui est entré en contact avec l’association le M.U.R Mulhouse, il y a de ça plusieurs mois. Celle-ci s’est recentrée sur des artistes locaux, puisque la pandémie mondiale de coronavirus a bouleversé sa programmation (prévue normalement plus d’un an à l’avance) en empêchant les artistes étrangers de venir en France. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
"Hom(m)e" a pris forme sous les coups de pinceau de l’artiste Apaiz, qui a exclusivement utilisé de la peinture acrylique pour façade. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
"Hom(m)e" a pris forme sous les coups de pinceau de l’artiste Apaiz, qui a exclusivement utilisé de la peinture acrylique pour façade. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
Des intempéries avaient quelque peu retardé l’artiste dans la réalisation de la fresque. « La discipline du muralisme est particulièrement liée aux conditions météo, mais quoi qu’il arrive, l’artiste doit s’adapter », déclare-t-il. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
Des intempéries avaient quelque peu retardé l’artiste dans la réalisation de la fresque. « La discipline du muralisme est particulièrement liée aux conditions météo, mais quoi qu’il arrive, l’artiste doit s’adapter », déclare-t-il. Photo L'Alsace /Darek SZUSTER
Le M.U.R. de l’artiste haut-rhinoise Williann interpelle par son univers imaginaire. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le M.U.R. de l’artiste haut-rhinoise Williann interpelle par son univers imaginaire. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Son œuvre éphémère mulhousienne faisait la part belle aux cartoons du début du siècle dernier. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Son œuvre éphémère mulhousienne faisait la part belle aux cartoons du début du siècle dernier. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Les trois héroïnes présentées s’appellent Ana, Luna et Andréa . Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Les trois héroïnes présentées s’appellent Ana, Luna et Andréa . Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien Blondin.91 en train de réaliser le nouveau M.U.R. rue de la Moselle. Il a commencé par les couleurs, avant de dessiner ses idées. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien Blondin.91 en train de réaliser le nouveau M.U.R. rue de la Moselle. Il a commencé par les couleurs, avant de dessiner ses idées. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Blondin.91 a mis trois jours pour terminer son travail, ne laissant plus une once de blanc. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Blondin.91 a mis trois jours pour terminer son travail, ne laissant plus une once de blanc. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien participe pour la première fois au M.U.R. rue de la Moselle. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste mulhousien participe pour la première fois au M.U.R. rue de la Moselle. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
C’est un univers plein de fantaisie qui inspire l’artiste. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
C’est un univers plein de fantaisie qui inspire l’artiste. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
L'artiste portugais Francisco Gomes peaufine le nouveau M.U.R. de la rue de la Moselle à Mulhouse. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
L'artiste portugais Francisco Gomes peaufine le nouveau M.U.R. de la rue de la Moselle à Mulhouse. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Francisco Gomes signe le dernier M.U.R. de l'année 2020. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Francisco Gomes signe le dernier M.U.R. de l'année 2020. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Le petit personnage mystérieux, là, derrière lui, c'est le regretté Ramon Ciuret. Un beau clin d'oeil de l'artiste. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Le petit personnage mystérieux, là, derrière lui, c'est le regretté Ramon Ciuret. Un beau clin d'oeil de l'artiste. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
L’amour est bien présent sous forme d'une carte à jouer qui associe un roi et une reine fort bien occupés. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
L’amour est bien présent sous forme d'une carte à jouer qui associe un roi et une reine fort bien occupés. Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Il a fait le choix d’une palette sobre, mais riche de symboles, entre vie et mort . Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Il a fait le choix d’une palette sobre, mais riche de symboles, entre vie et mort . Photo L'Alsace/Darek SZUSTER
Une forêt peu Apaiz-ée
Une nouvelle fresque a vu le jour fin août. Confiée à l’artiste strasbourgeois Apaiz, cette 72e peinture murale, baptisée « Hom(m)e ».
Après la bouffée d’air que nous a donnée Julien « Judd », le mois dernier, avec son œuvre Du vent dans les têtes , les promeneurs découvrent depuis peu rue de la Moselle une nouvelle œuvre d’artiste. L’association le M.U.R Mulhouse propose chaque mois à un artiste différent d’investir un pan de mur comme support d’exposition pour une œuvre de street art éphémère. Pour cette 72e édition, l’association a donné carte blanche à l’artiste Apaiz , qui a choisi de représenter une forêt partant en partie en fumée.
Une fresque « brûlante et contrastée »
« La question du rapport de l’Homme à la nature est pour moi un sujet sensible et important », explique Felix Wysocki, plus connu sous le pseudonyme Apaiz. « Je cherche à montrer avec Hom (m) e la façon dont les activités humaines peuvent perturber les écosystèmes et détruire la nature », ajoute-t-il.
Finalement, l’artiste donne naissance à cette idée avec une forêt représentée de deux points de vue différents. Dans la silhouette d’une maison, des arbres s’embrasent dans une flambée brune, jaune, orange et rouge. Au contraire à « l’extérieur », hors du foyer humain, la forêt paraît calme, paisible, l’atmosphère est sereine tandis que l’ombre des sapins se découpe dans un bleu nuit. En plein centre trône le titre de l’œuvre, « Hom (m) e », dont la typographie a été inspirée d’un groupe de grapheurs brésiliens.
Même si cette idée de fresque « trottait depuis longtemps dans la tête » de l’artiste, ce qu’on peut voir sur le pan de mur rue de la Moselle fait vraiment écho à l’actualité : déforestation, dérèglement et réchauffement climatiques, milliers de feux de forêt en Amazonie, en Australie… De quoi réfléchir aux conséquences environnementales engendrées par l’activité humaine.
Le graff pour éveiller les consciences
La pluie de vendredi l’obligeant à faire une pause, Felix Wysocki descend de son échafaudage et raconte avoir commencé le graff à 13 ans, lors d’une sortie entre amis dans une maison abandonnée, dans la forêt près de chez lui. À la base « un moment d’éclate entre pote », Felix n’a en fait jamais arrêté et une fois son bac en poche, il étudie les beaux-arts avant de rentrer à la Haute école des arts du Rhin (Hear), dont il ressort diplômé en 2016. Aujourd’hui, il se définit comme un « artiste pluridisciplinaire » s’intéressant aux « différentes formes de fractures sociales et environnementales ». Toute son œuvre interroge nos modes de cohabitation et notre rapport au vivant, avec « l’espoir d’une meilleure considération collective ». À vous de juger si cet objectif est atteint avec Hom(m)e …
Par Selma CHIBOUT, le 29 août 2020
Au-delà des nuages avec Williann
Pour quatre semaines, fin septembre, le M.U.R. (Modulable urbain réactif) de la rue de la Moselle s’est affiché en mode cartoon. Un choix délibéré de l’artiste haut-rhinoise Williann qui a proposé un voyage intergalactique à trois héroïnes inspirées d’un fait divers.
Williann , c’est une artiste qui se cache derrière son œuvre, crinière blonde et mots justes. Elle veut délibérément dissocier son travail de sa personne. Pudique, elle dévoile rapidement son intérêt pour le dessin dès son plus jeune âge et ses études de graphiste à Strasbourg.
Son œuvre éphémère mulhousienne sur le M.U.R., rue de la Moselle, fait la part belle aux cartoons du début du siècle dernier. « Vous voyez là, mes héroïnes ont les bras mous, comme les premiers Mickey », mais ce n’est pas tout. Yeux pétillants et bouches gourmandes, les trois héroïnes présentées s’appellent Ana, Luna et Andréa et sont liées entre elles, avec une solide corde, pour ne pas se perdre dans l’espace infini de la galaxie. Elles affichent pourtant les stigmates de la cicatrisation, avec sparadraps et cicatrices.
Un hommage aux femmes
« Mais, prévient-elle, chaque spectateur peut se raconter sa propre histoire. C’est ça la liberté. J’ai élaboré la mienne en fonction d’un fait divers (sordide) : celle du rappeur Moha La Squale qui a défrayé la chronique, début septembre, pour agressions sexuelles. J’ai voulu rendre hommage à ces femmes violentées et j’ai représenté à leur droite un squale (un requin) qui mange ses dents (n’y voyez aucune référence). Comme elles en sont libérées, il y a un horizon infini pour elles, maintenant. Je suis dans une période astronaute actuellement ce qui explique le choix de cet univers. »
Cette artiste affiche clairement son attachement pour Mulhouse, ville qu’elle considère comme « ma ville de cœur qui dispose d’une belle énergie. Mais beaucoup de mes collègues l’ont déjà illustrée, je n’ai pas voulu dessiner une nouvelle roue ou une Tour de l’Europe ».
Du noir et blanc, à l’infini
À la suite à la défection d’un artiste Portugais, atteint du Covid-19, l’association mulhousienne du M.U.R. s’est tournée vers les artistes locaux pour ne pas laisser ce créneau libre. Williann a été appelée à la rescousse alors qu’elle n’était programmée que pour novembre 2021. Avec un dessin élaboré sur papier le samedi 19 septembre, projeté sur le M.U.R. le dimanche, elle s’est lancée avec passion dans cette aventure.
Lundi et mardi, elle a terminé son travail, sous le regard enthousiaste des passants, n’oubliant pas la délicate finition à la dorure. « Bon d’accord, j’avoue avoir connu le syndrome de la page blanche quelques heures samedi matin et puis l’inspiration était là. » Avec Williann, le monde imaginaire se décline en noir et blanc et des possibles infinis.
Sabine HARTMANN, le 25 septembre 2020
L’univers fantastique de Blondin.91
C’est un artiste installé à Mulhouse qui a relevé le défi de faire du M.U.R., début novembre, une œuvre unique et éphémère. Blondin.91 cherche l’équilibre dans son monde foisonnant. À découvrir pour… prendre de la hauteur.
Comme la majorité des artistes participants au M.U.R. (Modulable urbain réactif) rue de la Moselle , Blondin.91 a commencé sa carrière par le graffiti. Pour sa première réalisation rue de la Moselle, cet artiste n’a pas voulu mettre en avant un thème particulier mais imprimer son univers.
« C’est un mélange de graffiti, de tatouage et de bande dessinée », explique ce tatoueur professionnel qui a décidé d’accoler à son nom d’artiste, Blondin, son année de naissance, 1991. Pour ce dessin, il a décidé de faire éclater les couleurs. « Ça donne du peps. Remplir l’espace me correspond, même si ce M.U.R. est un défi pour moi. »
Des couleurs posées en version free-style
L’artiste avoue n’avoir pas eu d’idée précise au départ, mais beaucoup de pression. « Elle a disparu une fois que j’ai commencé à poser mes couleurs en dégradé, version free-style, ce mercredi 28 octobre. C’est pour moi une manière de préparer ma toile. Ensuite, j’y ai posé le trait noir à la bombe selon mon inspiration, comme je le fais lorsque je travaille le tatouage. Dans mon travail, je recherche l’équilibre entre les formes et teintes choisies. »
Son travail est spontané et mélange d’étranges lettrines à des personnages surprenants. « Le street-art c’est aussi la discussion et l’inspiration entre collègues. J’y associe aussi le dessin propre à la BD. » Pour la réalisation du M.U.R., il s’est laissé inspirer par les passants. Comme cet appareil photo, en hommage à notre photographe. « En regardant le mur, il est important de faire sourire et réagir les personnes qui le regardent. Il n’y a pas d’autres messages que celui de faire plaisir. »
« Dessiner, c’est être actif »
« Comme beaucoup de jeunes de ma génération, j’ai débuté par les tags, par goût du risque et de la transgression. C’était aussi des beaux moments d’amitié liés par le travail, la calligraphie des lettres. » Blondin.91, c’est le résultat de l’évolution de Romain qui, dès 2010, commence à peindre sur toile et à réaliser des peintures sur commande chez des particuliers et professionnels. Puis il suit à Belfort une formation d’infographiste qui lui a permis de maîtriser les techniques et les logiciels de mise en page. « Je n’aime pas m’ennuyer, pour moi, dessiner c’est être actif. »
Le premier confinement suite à la pandémie de Covid-19 l’a obligé à fermer son salon de tatouage. Que cela ne tienne, il prend cette liberté… pour continuer à dessiner. « J’ai encore plein de projets. J’aurais, entre autres, envie de faire ce style de dessin, en tatouage, sur un dos. C’est déjà le cas pour des amis ou des membres de ma famille, mais sur des surfaces plus petites. »
Sabine HARTMANN, le 2 novembre 2020
Un super-héros qui peut « tout stopper
avec la bombe de la paix »
Pour marquer la fin de l’année 2020, si particulière, le M.U.R. de la rue de la Moselle a été mis en scène par l’artiste portugais Francisco Gomes. La fin de la pandémie est identifiée par un ange, sous le regard du regretté Ramon Ciuret.
Entre noir et blanc, la pandémie du Covid-19 et la lumière de l’espoir s’invitent pour cette dernière édition 2020, du M.U.R. (pour Modulable Urbain Réactif) rue de la Moselle à Mulhouse. Une association de couleurs et d’images nées de l’imagination fertile de Francisco Gomes.
Francisco Gomes s’est lancé pour cette ultime édition 2020, avec fougue et espoir. Ami de Tiago Francez – ils ont réalisé ensemble leurs études à la faculté des Beaux-Arts de Lisbonne, il a fait le choix d’une palette sobre, mais riche de symboles, entre vie et mort. Sans jugement mais avec des convictions.
Conçu comme un reportage photo
D’abord, en bas à gauche, un hommage tout en finesse au regretté Ramon Ciuret , photographe prolifique et apprécié bien au-delà de Mulhouse. C’est son flash qui illumine de bas en haut toute cette œuvre éphémère. « Je l’avais rencontré dès mon premier séjour à Mulhouse en 2015. J’étais triste d’apprendre son décès car j’avais toujours de ses nouvelles. » Ce street-artiste apprécie à Mulhouse, la liberté des artistes. « Ils sont libres d’exprimer ce qu’ils veulent, c’est très enrichissant. »
Son œuvre du M.U.R. est foisonnante, même s’il est nécessaire d’insister pour que l’artiste en livre les clés. D’abord, il a créé à l’encre de chine, cette composition conçue comme un reportage photo. Un sujet qu’il maîtrise par son métier de photographe professionnel et vidéaste. Cette approche lui permet d’ouvrir au public ses préoccupations, ses joies et ses peines, comme le décès de son bouledogue français. Dans le sillage de la lumière du flash de l’appareil photo de Ramon Ciuret, il a posé de dos des jumeaux liés par un bras, marchant dans la même direction. À l’instar de ce qu’il vit avec son frère… jumeau, « nous sommes toujours connectés ensemble ».
La carte de l’amour
Et puis il y a une scène de bataille et de coups, entre des silhouettes noires et blanches. « C’est le combat d’une ville, d’une nation, d’un continent, du monde contre la pandémie du Covid-19. J’y ai posé au-dessus un super-héros qui vient sauver la terre de la mort et y insuffler la vie. Il peut tout stopper avec la bombe de la paix. » Le confinement est illustré par deux personnages regardant par leur fenêtre vers l’extérieur.
Toujours dans la lumière du flash de Ramon Ciuret, des silhouettes s’allongent côté droit de la fresque. Jusqu’à cet étonnant corbeau, loin de toute sombre symbolique puisqu’il représente l’emblème de Lisbonne, la ville de Francisco Gomes. Un clin d’œil du lien entre Lisbonne et Mulhouse. « Il y en a beaucoup ici et j’aime bien ces oiseaux. » Et l’amour dans cette composition ? Il est bien présent sous forme de carte à jouer qui associe un roi et une reine fort bien occupés. Grâce à son équipe de passionnés, le M.U.R. a tenu sa promesse, malgré la crise sanitaire actuelle, celle d’être un outil incontournable pour la promotion du street-art, avec des rendez-vous plein de surprises. Et Francisco Gomes a réussi sa mission : surprendre, amener à la réflexion et faire sourire.
Sabine HARTMANN, le 28 novembre 2020
L’artiste Blondin.91 a notamment décidé de taguer le nom du projet sur l’un des murs du parking du Kinepolis. « Étymologiquement, graffiti signifie écriture, empreinte. Et polis, cité », rappelle Orlinda Lavergne, l’une des actrices du projet. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
L’artiste Blondin.91 a notamment décidé de taguer le nom du projet sur l’un des murs du parking du Kinepolis. « Étymologiquement, graffiti signifie écriture, empreinte. Et polis, cité », rappelle Orlinda Lavergne, l’une des actrices du projet. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Comme ses « potes », Pupupums ne cachait pas son plaisir de se voir « offrir des murs ». Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Comme ses « potes », Pupupums ne cachait pas son plaisir de se voir « offrir des murs ». Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Le parking du Kinepolis, c’est sept étages et 27 000 m ² accessibles au public. En somme, un lieu d’expression XXL pour les street artistes, dont Djé One, qui ont participé à la première session du projet #graffitipolis, ce samedi. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Le parking du Kinepolis, c’est sept étages et 27 000 m ² accessibles au public. En somme, un lieu d’expression XXL pour les street artistes, dont Djé One, qui ont participé à la première session du projet #graffitipolis, ce samedi. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Évidemment, le Milhouse de OakOak est de la partie. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Évidemment, le Milhouse de OakOak est de la partie. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Poti devant son personnage inspiré de l’univers du Manga. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Poti devant son personnage inspiré de l’univers du Manga. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Sept street artistes ont participé à la première session du projet #graffitipolis, ce samedi 4 juillet au parking du Kinepolis à Mulhouse. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Sept street artistes ont participé à la première session du projet #graffitipolis, ce samedi 4 juillet au parking du Kinepolis à Mulhouse. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Le street-artiste Lox signe cette fresque. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le street-artiste Lox signe cette fresque. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Édouard Blum et sa tête de cormoran… Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Édouard Blum et sa tête de cormoran… Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Onze street artistes dont PuPuPums ont participé samedi 22 août à la deuxième vague du projet d’art urbain baptisé #graffitipolis dans le parking du Kinepolis à Mulhouse. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Onze street artistes dont PuPuPums ont participé samedi 22 août à la deuxième vague du projet d’art urbain baptisé #graffitipolis dans le parking du Kinepolis à Mulhouse. Photo L’Alsace /Darek SZUSTER
Le projet #graffitipolis est porté par trois acteurs de l’art urbain : la galeriste mulhousienne Orlinda Lavergne qui immortalise ici la réalisation de Pupupums avec son smartphone, et les associations le M.U.R. Mulhouse et le M.U.R. Colmar. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
Le projet #graffitipolis est porté par trois acteurs de l’art urbain : la galeriste mulhousienne Orlinda Lavergne qui immortalise ici la réalisation de Pupupums avec son smartphone, et les associations le M.U.R. Mulhouse et le M.U.R. Colmar. Photo L’Alsace /Vincent VOEGTLIN
#Graffitipolis : grand coup de bleu
dans le parking de Kinepolis
Une nouvelle session graffitipolis a animé samedi 24 octobre le parking de Kinepolis. Parmi les nouveaux travaux d’une dizaine d’artistes, l’installation du Mulhousien Aurélien Finance : « L’amour en bleu ».
Depuis un an, le parking du cinéma Kinepolis, à Mulhouse, se transforme petit à petit en musée à « silo ouvert ». Le fruit d’un partenariat entre le multiplexe, la galerie Orlinda Lavergne et les associations le M.U.R Mulhouse et le M.U.R Colmar. Un petit personnage des Simpson aux cheveux bleus, signé du street artiste stéphanois Oak Oak fut longtemps le seul hôte de ces grands murs gris. Il a depuis été rejoint par de nombreuses autres œuvres.
Et le 24 octobre, une troisième session de #graffitipolis a permis à une dizaine d’artistes de poser leur empreinte dans cet espace mi-ouvert, mi-fermé. Parmi eux, Aurélien Finance y a fait entrer un nouveau médium, en combinant peinture et installation textile.
Né à Mulhouse, vivant aujourd’hui à Belfort, mais résident aux ateliers Jacques-Preiss de la Ville de Mulhouse, ce plasticien de 26 ans est diplômé de l’école du Quai, option design textile. Début 2019, avec d’autres jeunes diplômés de cette option, il a participé à la prestigieuse biennale internationale du design à Saint-Etienne. On l’a retrouvé dans l’exposition collective Tu veux que je te fasse un dessin au Séchoir en septembre 2019 (l’occasion de (re)découvrir notre diaporama ), et cet été au musée Electropolis, dans une performance questionnant l’utopie de l’électricité. Il expose par ailleurs à la galerie Robet Dantec de Belfort. « Mon projet, expose-t-il, est d’implanter le textile dans la scène artistique française. » Et pourquoi pas dans un parking-galerie d’art ?
« Entre la poubelle et l’extincteur »
Au départ, c’est le M.U.R de la rue de la Moselle qui l’intéressait. « J’avais postulé mais le programme est fait deux ans à l’avance, explique-t-il. Alors, on m’a parlé du projet Kinepolis… » Dans le dédale de béton, l’artiste a pu choisir son territoire : « On a la place qu’on veut, je me suis positionné dans le premier étage. En principe, le travail doit se faire en une journée, mais ils savent qu’on dépasse un peu. » Un seul mot d’ordre : « Fais ce que tu veux. » Dans un recoin « entre la poubelle et l’extincteur », Aurélien Finance a peint des limaces bleues, avec leurs fines rayures sur la tête caractéristiques. « J’ai peint à la bombe mais c’est difficile à maîtriser, le street art, c’est pas mon truc ! Alors je suis revenu par-dessus avec de l’encre de Chine. »
Il a aussi suspendu des lianes en fils de coton. Bleues également, comme les nuages parmi les limaces. « Je m’intéresse à la peur et à la psychanalyse », décrypte l’artiste, qui, a été très « marqué par l’explosion des violences conjugales pendant le premier confinement ». Il a fait des recherches, a découvert le lien entre impuissance, frustration et violence. Le rapport entre le bleu et la peur, on voit bien, mais les limaces ? « C’est un symbole phallique dans la psychanalyse freudienne, cela ramène à la question de l’impuissance, des tabous, le fait de ne pas discuter. » Quant aux lianes, « c’est une allusion aux viscères. Quand on a peur, on a l’impression d’avoir le ventre qui se serre. Les intestins sont le récepteur émotionnel du corps… » Titre de l’œuvre, L’amour en bleu…
À la différence de celles du M.U.R, effacées et recouvertes chaque mois, les œuvres de graffitipolis sont pérennes. Et ce parking de moins en moins gris est aussi la seule galerie d’art ouverte en ces temps de confinement. Ne pas hésiter, alors, à s’y payer une trouille bleue…
Les autres artistes ayant participé à cette 3e session sont : Zeek, Shiro, Organe K, Nelson‘s Artwork, Le Studiographe, Laure Saigne, Jean Linnhoff, Félix Wysocki - APAIZ, Ana Vujic et Alexandre Viot.
Hélène POIZAT, le 10 novembre 2020