Naissances,
arrivées, départs :
au zoo de Mulhouse,
une année 2020 presque normale…

Des parents qui se plaisent, une chance pour l’espèce
En février 2020, le zoo de Mulhouse lançait sa nouvelle saison avec l’arrivée de nouveau-nés,
parfois inattendue comme celle de Toky, propithèque couronné,
dont l’espèce est au bord de l’extinction.
« Cette année, c’était la surprise totale : on est arrivés un matin, il y avait un bébé ! » Brice Lefaux, directeur et vétérinaire du Parc zoologique et botanique de Mulhouse, aimerait sans doute plus de naissances comme celles-ci. Toky est né le 22 janvier dernier dans l’enclos des propithèques couronnés. Son nom signifie « assurance et confiance » en malgache. Autre étonnement pour l’équipe de soigneurs : Toky est « complètement élevé par Manao, né en 2007, et Poppy, née en 2013, qui sont à la fois les meilleurs reproducteurs et les meilleurs parents. Ce couple-là est source d’espoir. » Caroline Kammerer, responsable du secteur des lémuriens, a l’habitude d’observer ses protégés. Rien n’a laissé présager la naissance du lémurien : « Sa mère n’avait pris que 50 g… On ne voyait rien au niveau du ventre, elle n’avait pas les mamelles pleines. C’était vraiment inattendu ! »
L’an dernier, quatre petits propithèques couronnés, dont on ne compte que 20 individus, sont nés dans les zoos », souligne Brice Lefaux. Et parmi eux, il y a Jao, l’aîné de la famille, une naissance déjà jugée exceptionnelle le 12 février 2019. Ce mercredi, il s’accrochait à une corde dans une danse endiablée, inconscient de son rôle et de celui de Toky dans les efforts menés pour la conservation des espèces menacés, et notamment dans leur milieu d’origine où l’on essaye de protéger les forêts du développement humain… Au chaud contre le ventre de sa mère, Toky n’a pas encore été manipulé par les soigneurs et on ne sait pas encore si c’est un mâle ou une femelle.
Trois jeunes loups à crinière nés en décembre 2019
Autre espèce dont le nombre d’individus continue de se réduire dans son milieu naturel, en Amérique du Sud, le loup à crinière. Il est classé par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme « quasiment menacé ». Trois petits, deux mâles et une femelle, sont nés mi-décembre à Mulhouse, dans le cadre du Programme d’élevage européen (EEP) dont l’espèce fait l’objet. La portée des trois louveteaux est la deuxième du couple formé par Sera, la mère âgée de 4 ans, et Satan, le père de 10 ans.
Deux petits gambadaient autour d’eux, ce mercredi, pour leur seconde sortie. Le troisième a été opéré d’une hernie hiatale, mais il se porte bien selon le vétérinaire.
Paire de jumeaux chez les tamarins
fin décembre 2019 également
Autre couple fertile : Sandia, 12 ans, et Obi, 11 ans, deux tamarins bicolores qui ont à nouveau donné naissance à deux petits, le 15 décembre dernier. Le petit primate, classé lui aussi en danger par l’UICN, vit dans les forêts du nord du Brésil. Particularité : la femelle donne toujours naissance à une ou plusieurs paires de jumeaux.Dernier bébé star à voir contre le ventre maternel : un jeune saki à face blanche, né le 24 décembre, soir de Noël. C’est le premier petit de Balio, 11 ans, et Dej, 13 ans. Connu aussi sous le nom de « singe volant » à cause de ses jambes arrière plus longues à l’arrière, le saki vient d’Amérique du Sud.
Karine DAUTEL (février 2020)












Trois panthères nébuleuses sont nées pendant le premier confinement.
Trois panthères nébuleuses sont nées pendant le premier confinement.

Trois panthères nébuleuses sont nées pendant le premier confinement.
Trois panthères nébuleuses sont nées pendant le premier confinement.

Deux ouistitis pygmées sont nés en plein confinement.
Deux ouistitis pygmées sont nés en plein confinement.

Ce petit saki a pointé son nez fin décembre 2019 également.
Ce petit saki a pointé son nez fin décembre 2019 également.

Des nouveaux suricates ont pointé le bout de leur museau.
Des nouveaux suricates ont pointé le bout de leur museau.

Toky est né le 22 janvier dernier dans l’enclos des propithèques couronnés.
Toky est né le 22 janvier dernier dans l’enclos des propithèques couronnés.


Des tamarins bicolores sont nés en décembre 2019.
Des tamarins bicolores sont nés en décembre 2019.
Les bébés du confinement
Plusieurs naissances ont eu lieu pendant le premier confinement au zoo de Mulhouse. En vedettes, trois panthères nébuleuses.
Durant la période du premier confinement, le zoo a vécu plusieurs événements majeurs, heureux ou malheureux. Le départ de Nanuq, l’ourse née au parc en novembre 2016, pour le parc Cerza de Normandie, le 9 avril, puis la mort de Tina, sa congénère de 34 ans, le 20 mai, ont changé la configuration du côté des ours polaires, où le couple reproducteur Sesi et Vicks bénéficie désormais des deux enclos « réunifiés ».
Toujours nombreuses au printemps, plusieurs naissances ont ravi le personnel du parc… et raviront désormais les visiteurs. Les plus remarquables sont trois petites panthères nébuleuses ( neofelis nebulosa ) qui ont pointé le bout de leur museau le 31 mars. Deux petites femelles et un petit mâle, qui constituent la deuxième portée d’Awan et Mina, moins de deux ans après la première, le 5 juillet 2018.
Classée vulnérable sur la liste rouge de l’UICN (Union nationale pour la conservation de la nature), cette panthère originaire d’Asie du Sud-Est se reproduit très difficilement en zoo. En Europe, au cours des douze derniers mois, seules quatre naissances ont eu lieu dans les parcs européens, dont trois à Mulhouse.
Les petits, qui n’ont pas encore reçu leurs vaccins, passent encore la majeure partie de leur temps dans leur box de la fauverie, mais il leur arrive de suivre leur mère le soir dans l’enclos et, d’ici la fin du mois, elles devraient passer plus de temps à l’extérieur.
Quatre jeunes nandous (oiseau coureur d’Amérique du Sud), trois ibis rouges, des ibis chauves et deux femelles suricates ont également vu le jour pendant ce confinement. Et les premiers œufs de tortues cistudes pondues à la Petite Camargue alsacienne, à Saint-Louis, sont arrivés à la maison de l’éclosion pour être élevés au parc.
Une portée de quatre loutres d’Asie ( aonyx cinereus ), un mâle et trois femelles, est par ailleurs venue agrandir le clan composé des parents Pei-Pei et Mei-Mei, et des petits de la portée précédente. Tout ce petit monde cohabite avec les pandas roux et les muntjacs dans l’enclos asiatique.
Les jumeaux ouistitis pygmées (cebulla pygmae), nés le 29 avril à la Petite Amazonie, sont encore difficiles à apercevoir en raison de leur taille. Ils ne mesurent guère plus de cinq à six centimètres. On ne connaît pas encore leur sexe, ils restent encore solidement accrochés au dos de leur mère ou de leur père.
Hélène POIZAT (juin 2020)




Ils sont arrivés cette année

Manado et Elias, deux nouveaux pensionnaires asiatiques
Un tapir malais, Manado, et un macaque à crête, Elias, ont investi le nouvel enclos indonésien du parc zoologique et botanique de Mulhouse. Une cohabitation inédite entre ces deux espèces menacées, victimes de la déforestation et du braconnage pour la viande de brousse.
Manado, tapir malais de 8 ans, a débarqué à Mulhouse en provenance du zoo de Nuremberg il y a trois semaines. Un peu trouillard, ce grand gaillard de 270 kilos hésite encore à batifoler dans l’espace de près de 2000 m² , avec un vaste bassin, qu’il doit partager avec un macaque à crête, Elias. Arrivé du zoo de Varsovie, ce dernier, âgé de 14 ans, est en revanche très à l’aise, engageant même le dialogue avec les visiteurs, à sa façon. Claquement de lèvres : c’est un message amical. Bouche ouverte, dents montrées : méfiance !
Elias et Manado sont des pionniers. Leur cohabitation dans un même espace est « une première mondiale en parc zoologique », assure le zoo, et elle est d’ailleurs observée de près par une étudiante en éthologie. « Nous sommes un pôle de conservation et de connaissances unique en Europe, et au quotidien, notre objectif premier est le bien-être animal », rappelle Brice Lefaux, le directeur du parc. La cohabitation entre espèces, expérimentée à Mulhouse depuis plusieurs années (Petite Amazonie, enclos australien, enclos asiatique des pandas roux, loutres naines et muntjacs) est un moyen de « lutter contre l’ennui, d’enrichir naturellement le milieu ». Elle aide aussi à sensibiliser le public aux menaces pesant sur les milieux naturels.
Originaires d’Indonésie (Sumatra pour le tapir, Sulawesi pour le macaque), ces deux nouvelles espèces sont en effet victimes des mêmes fléaux : déforestation, essentiellement liée au développement de la culture des palmiers à huile, et braconnage.
Des femelles attendues
« Les deux espèces sont chassées et leur viande fait l’objet d’un trafic très lucratif », souligne Brice Lefaux, en rappelant à chacun sa responsabilité dans la lutte pour la biodiversité : « A-t-on conscience que quand on mange du Nutella, on importe de la déforestation ? »
Espèce proche du macaque de Tonkean, longtemps présent au zoo, le macaque à crête ( macaca nigra ) vit dans les forêts tropicales de plaine et de montagne, jusqu’à 1100 m d’altitude. Omnivore, il se nourrit de feuilles, fruits, graines, insectes, reptiles… Classé « en danger critique » sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), il est l’un des 25 primates les plus menacés au monde, où plus de 80 % des effectifs ont disparu en quarante ans. Le zoo de Mulhouse participe au programme européen d’élevage et soutient les ONG Selamatkan Yaki et Macaca nigra project qui agissent pour la protection de l’animal in situ.
Ce primate à l’allure de petit gorille punk est extrêmement sociable. « Il vit en groupes de 50 à 100 individus et supporte mal la solitude », remarque Brice Lefaux. Le zoo attend donc avec impatience les deux femelles qui doivent arriver d’ici quelques semaines du zoo de Chester en Angleterre pour tenir compagnie à Elias.
Manado le tapir devra être un peu plus patient. La femelle qui lui est promise est en effet retenue à Singapour pour des raisons administratives liées à la crise sanitaire. Il faudra donc attendre pour voir à nouveau des naissances chez cette espèce que le parc mulhousien connaît bien.
Le zoo avait en effet abrité des tapirs malais ( tapirus indicus ) jusqu’au début des années 2000 et, ici, on sait que ce grand timide, à l’odorat développé mais à la très mauvaise vue, a besoin de temps pour s’adapter. Végétarien (feuilles, herbe, fruits, mousses, écorces…), ce tapiridé, classé « en danger » sur la liste rouge de l’UICN, a vu sa population réduire de moitié ces dernières années.
Sur la route d’Asie
Le nouvel enclos de Manado et Elias représente un investissement de 630 000 € pour M2A (Mulhouse Alsace agglomération) qui finance le parc. Et il s’intègre désormais dans un nouveau parcours, La route d’Asie, reliant différents espaces abritant des espèces d’Asie du sud. Dont les emblématiques gibbons et les très populaires pandas roux.
Hélène POIZAT (juillet 2020)




L'ourse Tina s'est éteinte
Figure du parc zoologique et botanique
de Mulhouse, l’ourse polaire Tina
est décédée le 20 mai après un AVC,
à l’âge respectable de 34 ans.
Cette doyenne était née
sur la banquise, en ex-URSS.
