Le temple
Saint-Etienne
poursuit son
embellissement

Les travaux ont commencé
à l’intérieur du temple

Initialement prévu en septembre ou en octobre, le début des travaux de rénovation de l’intérieur du temple Saint-Étienne, à Mulhouse, qui concernent notamment le système de chauffage et la scène, a été lancé il y a quelques jours.

Les précédents travaux entrepris dans le cadre de la rénovation de l’imposant temple Saint-Étienne, situé en plein cœur de Mulhouse, place de la Réunion, concernent la réfection totale la tourelle sud-ouest, toujours bâchée à l’heure actuelle. Ils ont démarré à l’automne 2019 - la flèche a été démontée en janvier dernier - puis ont été interrompus par le premier confinement. Ils devraient s’achever au printemps 2021. « Maintenant, on attaque le chantier de rénovation intérieur, en deux phases », annonce Roland Kauffmann, le pasteur-animateur du temple.

Trois sources de chauffage pour plus de confort

C’est la première étape qui a commencé il y a quelques jours, celle de la rénovation du système de chauffage qui améliorera le confort du public et des artistes sur scène. Les « ailettes » qui se situaient sous les bancs en bois d’origine (1866) ont été dégagées et vont être remplacées par un chauffage au sol qui nécessite de couler une grande dalle de part et d’autre de l’allée centrale.

« La problématique à gérer, ce sont les bancs, désormais classés aux monuments historiques au même titre que l’édifice. Ils vont être maintenus en l’état, démontés avec soin et stockés dans le temple, ce qui implique des opérations de manutention régulières », explique le pasteur-animateur. Il en sera de même pour les lames de plancher sur lesquelles sont posés les bancs. Elles seront retirées le temps d’installer les tuyaux où passera l’eau, puis remises à leur place.

Trois sources de chauffage sont ainsi prévues dans le cadre de la rénovation intérieure : le chauffage au sol pour la température d’ambiance, la pose de radiants sur les colonnes du temple pour la température de confort et un système d’air pulsé fixé sur les murs.

Des gradins indépendants et modulables

Autre chantier, celui de la scène, dont l’ancien système de chauffage électrique, obsolète et surtout inefficace, va être supprimé. « La scène va être remplacée par du gradinage modulable, des blocs d’un mètre sur deux indépendants, chauffés… Ce sera une amélioration énorme pour le confort des musiciens, des choristes, etc.

Une première phase à 1,4 million d’euros

À terme, à l’automne 2021, on espère le retour de l’Orchestre symphonique de Mulhouse qui ne se produisait plus ici car nous n’étions pas en capacité de garantir les 18 °C minimums nécessaires pour les instruments », s’enthousiasme Roland Kauffmann. Cette première phase de travaux intérieurs comprend également la scénographie du temple, qui sera complètement retravaillée avec de nouveaux pupitres pour expliquer l’histoire de l’édifice, et la mise en sécurité - notamment électrique - des galeries nord, sud et ouest « à l’étage », « avec l’objectif de rouvrir la galerie ouest », précise le pasteur qui prévient : « Cet été, il ne faut tout de même pas que les gens se disent que le temple sera tout beau, tout neuf. » Coût total de cette première phase : 1,4 million d’euros.

2023, l’année du 500e anniversaire de la réforme

Effectivement, la rénovation des parements et des voûtes des galeries constitue la seconde phase des travaux, qui ne commenceront qu’en… 2024. Pour une question de budget d’une part (le temple est la propriété de la Ville de Mulhouse qui finance entièrement les travaux) et, d’autre part, pour s’assurer de la « disponibilité » de l’édifice en 2023. « L’année 2023 est celle du 500e anniversaire de la Réforme à Mulhouse et on veut marquer cet anniversaire », souligne Roland Kauffmann.

Céline BECHLER

De 1859 à aujourd'hui

L’entretien et les travaux de restauration d’un édifice tel que le temple Saint-Étienne sont des chantiers sans fin. Depuis 1990, plusieurs opérations majeures de restauration ont été réalisées sur l’édifice inauguré le 1er  novembre 1866.

➤  1859 : Pose de la première pierre.
➤ 1862 : Le sculpteur Désiré Husson exécute les sculptures, chapiteaux des fenêtres et des façades du temple.
➤  1866 : Les tourelles d’escaliers sont achevées en octobre et le temple inauguré le 1er novembre.
➤  1867 : Lancement d’une souscription pour achever l’intérieur du temple.
➤  1868 : Construction du beffroi pour la suspension de cinq cloches.
➤  1921 : Protection des verrières.
➤  1950 à 1980 : restauration de certaines pièces au mortier de ciment sur les pinacles, arêtes et certaines sculptures. Changement de tranches d’ardoises sur le toit.
➤  1990 : Réfection à l’identique de la flèche de l’escalier Sud du bas-côté Est.
➤  1992 : Inscription de l’édifice à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
➤  1999 : Depuis cette date, toutes les interventions sont conduites ou accompagnées par le service des Monuments historiques. Une étude préalable avait été réalisée pour la restauration des verrières et pour un plan général de nettoyage et d’entretien. Pour l’instant, le projet est resté en suspens. La sécurisation des abords du temple, avec installation de barrières, a été mise en place à la suite de chutes de pierres. Un constat fait état des fragilités du temple, au niveau du grès qui est mal protégé de l’eau et en raison de l’utilisation de mortier contenant du ciment. Mais, aucun problème n’est apparu au niveau de la structure même. L’édifice est posé sur de solides fondations.
➤  2000 : Mise en place de filets de protection et de cerclages autour de certains ouvrages à sécuriser. Des interventions sont réalisées à la corde.
➤  2009 à 2012 : Restauration de la tour et du clocher Nord, en trois tranches, pour un montant de 3 millions d’euros.
➤  2015 : Lancement des travaux sur la façade Sud donnant sur la place de la Réunion, prévus de juillet 2015 à août 2017, en deux tranches. Coût global d’opération : 2,15 millions €.
➤ De juin 2015 à juillet 2017 : restauration de la façade sud sur la place de la Réunion.
➤ De septembre 2019 à mi-2021 : restauration de la tourelle sud-ouest.
➤  Fin 2020 : début des travaux intérieurs du temple.

Le temple illuminé, comme un phare en plein coeur de Mulhouse. Photo L'Alsace/Jean-François Frey

Le temple illuminé, comme un phare en plein coeur de Mulhouse. Photo L'Alsace/Jean-François Frey

Les illuminations sur le temple Saint-Etienne lui donne un relief étonnant. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les illuminations sur le temple Saint-Etienne lui donne un relief étonnant. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les échafaudages entourent toujours la tourelle ouest du temple. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les échafaudages entourent toujours la tourelle ouest du temple. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Une vue de drone qui offre un panorama sur les alentours du temple. Photo L'Alsace/Jean-Marc LOOS

Une vue de drone qui offre un panorama sur les alentours du temple. Photo L'Alsace/Jean-Marc LOOS

L'architecte Richard Duplat veille sur le chantier de restauration de la tourelle en cours actuellement. Photo L'Alsace /Thierry Gachon

L'architecte Richard Duplat veille sur le chantier de restauration de la tourelle en cours actuellement. Photo L'Alsace /Thierry Gachon

L'ancienne estrade laissera la place à un espace transformable en gradins, chauffés... Photo L'Alsace/Jean-François FREY

L'ancienne estrade laissera la place à un espace transformable en gradins, chauffés... Photo L'Alsace/Jean-François FREY

Le pasteur-animateur du temple Saint-Étienne, Roland Kauffmann, au centre de la scène en cours de démontage : elle va être remplacée par des modules indépendants et chauffés. Photo L’Alsace /Jean-François FREY

Le pasteur-animateur du temple Saint-Étienne, Roland Kauffmann, au centre de la scène en cours de démontage : elle va être remplacée par des modules indépendants et chauffés. Photo L’Alsace /Jean-François FREY

Les « ailettes » situées sous les bancs du temple ont été enlevées, puis bancs et plancher vont être déplacés afin d’installer un système de chauffage au sol. Photo L’Alsace/Jean-François FREY

Les « ailettes » situées sous les bancs du temple ont été enlevées, puis bancs et plancher vont être déplacés afin d’installer un système de chauffage au sol. Photo L’Alsace/Jean-François FREY

Les pierres qui constituent la tourelle sud-ouest du temple Saint-Étienne sont déposées une à une depuis ce lundi, pour être restaurées, avant d’être remontées à partir de la mi-mai.  Photo L’Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les pierres qui constituent la tourelle sud-ouest du temple Saint-Étienne sont déposées une à une depuis ce lundi, pour être restaurées, avant d’être remontées à partir de la mi-mai.  Photo L’Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les grues télescopiques ne sont pas rares dans le paysage de la place de la Réunion. Photo L'Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les grues télescopiques ne sont pas rares dans le paysage de la place de la Réunion. Photo L'Alsace/Vincent VOEGTLIN

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Le temple illuminé, comme un phare en plein coeur de Mulhouse. Photo L'Alsace/Jean-François Frey

Le temple illuminé, comme un phare en plein coeur de Mulhouse. Photo L'Alsace/Jean-François Frey

Les illuminations sur le temple Saint-Etienne lui donne un relief étonnant. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les illuminations sur le temple Saint-Etienne lui donne un relief étonnant. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les échafaudages entourent toujours la tourelle ouest du temple. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Les échafaudages entourent toujours la tourelle ouest du temple. Photo L'Alsace/Darek Szuster

Une vue de drone qui offre un panorama sur les alentours du temple. Photo L'Alsace/Jean-Marc LOOS

Une vue de drone qui offre un panorama sur les alentours du temple. Photo L'Alsace/Jean-Marc LOOS

L'architecte Richard Duplat veille sur le chantier de restauration de la tourelle en cours actuellement. Photo L'Alsace /Thierry Gachon

L'architecte Richard Duplat veille sur le chantier de restauration de la tourelle en cours actuellement. Photo L'Alsace /Thierry Gachon

L'ancienne estrade laissera la place à un espace transformable en gradins, chauffés... Photo L'Alsace/Jean-François FREY

L'ancienne estrade laissera la place à un espace transformable en gradins, chauffés... Photo L'Alsace/Jean-François FREY

Le pasteur-animateur du temple Saint-Étienne, Roland Kauffmann, au centre de la scène en cours de démontage : elle va être remplacée par des modules indépendants et chauffés. Photo L’Alsace /Jean-François FREY

Le pasteur-animateur du temple Saint-Étienne, Roland Kauffmann, au centre de la scène en cours de démontage : elle va être remplacée par des modules indépendants et chauffés. Photo L’Alsace /Jean-François FREY

Les « ailettes » situées sous les bancs du temple ont été enlevées, puis bancs et plancher vont être déplacés afin d’installer un système de chauffage au sol. Photo L’Alsace/Jean-François FREY

Les « ailettes » situées sous les bancs du temple ont été enlevées, puis bancs et plancher vont être déplacés afin d’installer un système de chauffage au sol. Photo L’Alsace/Jean-François FREY

Les pierres qui constituent la tourelle sud-ouest du temple Saint-Étienne sont déposées une à une depuis ce lundi, pour être restaurées, avant d’être remontées à partir de la mi-mai.  Photo L’Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les pierres qui constituent la tourelle sud-ouest du temple Saint-Étienne sont déposées une à une depuis ce lundi, pour être restaurées, avant d’être remontées à partir de la mi-mai.  Photo L’Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les grues télescopiques ne sont pas rares dans le paysage de la place de la Réunion. Photo L'Alsace/Vincent VOEGTLIN

Les grues télescopiques ne sont pas rares dans le paysage de la place de la Réunion. Photo L'Alsace/Vincent VOEGTLIN

Richard Duplat, ici au niveau de la plateforme de départ de la flèche de la tourelle, à 32 mètres de hauteur.  Photo L’Alsace

Richard Duplat, ici au niveau de la plateforme de départ de la flèche de la tourelle, à 32 mètres de hauteur.  Photo L’Alsace

Le chantier de restauration de la tourelle sud-ouest du temple devrait être achevé, sauf nouvelle mauvaise surprise, au printemps 2021.  Photo L’Alsace

Le chantier de restauration de la tourelle sud-ouest du temple devrait être achevé, sauf nouvelle mauvaise surprise, au printemps 2021.  Photo L’Alsace

L’un des tailleurs de pierre, veillant au bon positionnement de la pierre sur la tourelle sud-ouest du temple.  Photo L’Alsace

L’un des tailleurs de pierre, veillant au bon positionnement de la pierre sur la tourelle sud-ouest du temple.  Photo L’Alsace

Les gargouilles étant elles aussi endommagées, elles seront reprises « autant que faire se peut ».  Photo L’Alsace

Les gargouilles étant elles aussi endommagées, elles seront reprises « autant que faire se peut ».  Photo L’Alsace

Point d’étape sur la « tourelle gruyère » du temple Saint-Étienne

Les travaux de restauration de la tourelle sud-ouest du temple Saint-Étienne, à Mulhouse, ont repris début mai 2020 et devraient finalement s’achever au printemps 2021. Une tourelle qui « ressemble à un gruyère », comme l’a qualifié, mercredi, l’architecte Xavier Boulivan, lors d’une visite de chantier.

Depuis les pavés de la place de la Réunion, ce mercredi 9 septembre, il est difficile de se représenter la tourelle sud-ouest – toujours bâchée – du temple Saint-Étienne. Des coups portés sur une pierre en train d’être taillée émanent du chantier alors que Xavier Boulivan, architecte au service architecture de la Ville de Mulhouse, en charge du suivi des travaux, amorce sa visite.

« Cette tourelle ressemble à un gruyère en fait », observe ce dernier. De nombreuses pierres composant la tour étaient endommagées, à commencer par la pierre, « très effritée », de la flèche, démontée en novembre 2019 (L’Alsace du 16 janvier 2020) et qui sera « reconstruite à l’identique ».

Pour ce qui est de l’ensemble de la tourelle, l’architecte se veut néanmoins rassurant. « Comme il manquait des morceaux conséquents, il y a eu une purge des pierres et un remplacement par des pierres neuves et taillées, mais la tour tient debout ! »Une reprise encore freinée par la commande des pierres de remplacementLes entreprises, mises à l’arrêt pendant le confinement, ont, elles, repris « doucement mais sûrement » leur travail, à commencer par les quatre compagnons de l’entreprise Léon Noël, en charge de la maçonnerie et de la taille des pierres.

Mais leur travail est freiné par la commande des pierres de remplacement, du grès gris-rouge à grains fins provenant d’une unique carrière, située à Lohr, dans la partie nord-ouest du Bas-Rhin. Socra, qui intervient au niveau de la sculpture des pierres, opère en parallèle un travail plus sensible et détaillé au niveau des arrêtes.

Puis viendra le tour d’Art Vitrail, pour la reprise des vitraux. Adeco, pour la menuiserie, se chargera des portes des différents étages. Et il y aura, au bout de la chaîne, une reprise de la couverture sur la tourelle par l’entreprise Chanzy-Pardoux. Xavier Boulivan joue la prudence mais table sur une fin de chantier au printemps 2021 – alors que celui-ci a commencé en septembre 2019. « C’est un chantier qui dure, qui interpelle les passants… On les voit passer, lever les yeux, poser des questions. Quand on peut, on essaie d’y répondre », complète l’architecte.

Les gargouilles elles aussi reprises « autant que faire se peut »

Trente-deux mètres plus haut, au niveau de la plateforme de départ de la flèche – aussi appelée « assise zéro » –, cette fois, c’est Richard Duplat qui s’exprime. L’architecte du patrimoine, par ailleurs architecte en chef des monuments historiques, suit le chantier de restauration du temple depuis bientôt une décennie. « L’arrêt du chantier a été une mauvaise surprise et a eu une incidence sur les carrières », confirme-t-il. « On travaille par anastylose [une technique de reconstruction à partir d’éléments d’origine], en reprenant toutes les pierres récupérables et en les remettant à leur emplacement d’origine, même orientation, même position. » Les gargouilles étant elles aussi endommagées, elles seront reprises « autant que faire se peut ».

Et après la tourelle sud-ouest ? « Il faudra lancer un nouveau diagnostic pour voir les priorités en termes de travaux. » Xavier Boulivan et Richard Duplat évoquent la rénovation intérieure (lire par ailleurs) ainsi que la tourelle nord-est et le clocher nord, sans parler des bas-côtés, du parvis, de la mise en lumière du temple… Des travaux qui ne dureront peut-être pas une décennie supplémentaire mais que l’architecte en chef des monuments historiques continuera à suivre, comme il le dit lui-même, en faisant preuve « de modestie et de prudence ».

Textes : Pierre GUSZ (septembre 2020)
Photos et vidéo : Thierry GACHON

Deux architectes au chevet de l’édifice

Le temple Saint-Étienne faisait l’objet d’une importante restauration en 2016. Nous avions consacré une série de l’été consacrée aux différents artisans qui intervenaient sur le chantier, dont les deux architectes.

Construit en style néogothique, le temple Saint-Étienne est l’un des édifices emblématiques de Mulhouse. Sa façade principale, orientée Sud, fait l’objet d’une importante restauration. Un chantier surveillé comme le lait sur le feu par deux architectes passionnés, Richard Duplat architecte en chef des Monuments historiques du Haut-Rhin, et Nicolas André-Kolan, architecte et assistant à maîtrise d’ouvrage au service d’architecture M2A-Mulhouse.

La façade Sud du temple Saint-Etienne, qui donne sur la place de la Réunion se compose d’un haut pignon, qui correspond à l’entrée jusqu’à la nef principale. Ce pignon se décompose en trois niveaux : les combles avec une grande rosace en rayon, une partie centrale composée de trois baies et la partie basse, avec trois portails en arcs brisés. Quatre contreforts encadrent cette façade. « Les travaux ont débuté en juillet 2015 et s’achèveront en août 2017. Le budget est estimé à 2,150 millions d’euros. Avec Richard Duplat, nous nous retrouvons tous les quinze jours, sur ce beau chantier », explique Nicolas André-Kolan, architecte chargé de ce dossier pour la Ville de Mulhouse.

80 à 90 % des pierres conservées

À côté de lui, Richard Duplat, qui supervise les travaux du temple pour les Monuments historiques. « Sur ce chantier, nous arrivons à respecter le calendrier, malgré les intempéries. J’avais déjà supervisé la restauration du clocher et c’est bien de pouvoir assurer la continuité avec cette nouvelle tranche », indique Richard Duplat qui mène conjointement le chantier de la chapelle de Ronchamp et vient de terminer la citadelle d’Amiens avec Renzo Piano. Il est également intervenu sur l’important chantier du Musée Unterlinden de Colmar.

Pour Richard Duplat : « Il convient de conserver au maximum les pierres d’origine. » « Car l’architecture c’est l’art de donner une présence aux bâtiments. Mais aussi de le faire apprécier par le plus grand nombre. Aussi pour ce chantier de restauration, nous avons discuté pierre par pierre, avec l’entreprise de tailleur de pierre Rauscher et celle des sculpteurs de pierre, Tollis. Finalement, nous avons prévu de conserver entre 80 et 90 % des pierres de l’édifice. »

Pour y parvenir différentes techniques seront utilisées comme la microchirurgie sur la pierre d’origine afin de la restaurer au plus juste avec ragréage au mortier de chaux, qui permet un traitement de surface. Mais aussi la greffe. « Dans ce cas, il convient alors de remplacer par un bloc de grès, la partie gangrenée (le terme spécifique est goujonné ). »

Un cahier des charges avait été préalablement établi à partir d’analyses techniques et de recherches effectuées par les archives municipales. Ces dernières ont permis de retrouver des dessins précis d’époque de la construction qui, pour certains, ont servi de base de travail à cette importante restauration. « Nous devons procéder à un appel d’offres et sélectionner les entreprises selon leur capacité technique et selon les travaux à assurer. Mais nous privilégions autant que possible les entreprises régionales qui répondent naturellement à nos critères. Pour le choix du grès, nous discutons avec les entreprises de tailleur de pierre pour sélectionner des grès, qui ont des ADN identiques aux pierres en place. Il est important de sauvegarder les savoir-faire locaux ».

Côté éléments décoratifs, les formes et les tailles varient mais avec une constante, celle du motif végétal qui donne une vraie unité à l’édifice. « Ce temple a été construit pour mettre en valeur les vitraux du XIVe siècle. en leur donnant un écrin, dans un décor homogène. Pour l’instant, nous rénovons la façade sud, avant la deuxième tourelle ouest qui, elle, fera partie de la prochaine phase de restauration ».

À chaque pièce, son numéro

En faisant l’état des lieux, Richard Duplat a relevé nombre d’éléments sculptés, dignes d’intérêt, qui vont être conservés. Toutes les pièces et les pierres ont été répertoriées minutieusement. Lors d’une visite de chantier, le professionnel insiste sur le travail manuel nécessaire à la restauration de ce bâtiment. Chaque pierre ou pièce est travaillée par l’homme. « Pas question de mettre en place des pièces de remplacement sorties des machines, qui donnent de la raideur. La taille manuelle permet surtout de mettre en avant la sensibilité du matériau. Contrairement à la dernière grande restauration, vers 1950, nous avons remplacé les pièces en fer ou bronze qui ont rouillé et ont favorisé l’infiltration d’eau, par d’autres en inox ou de la fibre de verre. Ces dernières ne rouillent pas. Ce qui est un gage de meilleure conservation de l’édifice. »

Dans le respect du planning

À côté de lui, Nicolas André-Kolan, architecte et ingénieur territorial, a rejoint le service d’architecture de la Ville en 2012. « Juste avant la réception du chantier de la tour nord », explique ce passionné de dessin qui a toujours été fasciné par les bâtiments et les espaces de vie. À Mulhouse, il a suivi le chantier de l’habillage du centre chorégraphique, la plaine sportive de la Doller, le Learning center de l’UHA (Université de Haute Alsace). Il est le référent dans la cellule de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage.

« Finalement, sur ce chantier, il y a eu peu de changement par rapport au cahier des charges, sauf pour les pierres à remplacer. Nous n’avons pu en faire le tour que lorsque l’échafaudage a été installé, soit en juillet 2015. Mais ce surcoût est maîtrisé. » Pour ce jeune architecte diplômé de l’école de Lille, il s’agit du premier grand chantier de restauration.

« C’est vraiment passionnant d’approcher ces pierres du XIXe siècle. C’est aussi l’occasion de découvrir des artisans qui disposent d’un savoir-faire précieux et rare. Ils aiment ce qu’ils font et cela se sent dans leur manière de travailler. L’avancée des travaux se déroule en respectant le planning et malgré les intempéries. Et l’architecte des Monuments historique a su mobiliser toutes ces équipes, pour mener ce chantier à bien », conclut le professionnel qui partage volontiers sa passion.

Sabine Hartmann (août 2016)

La bâche avait été installée sur la façade sud en novembre 2015. Photo L'Alsace/Darek Szuster

La bâche avait été installée sur la façade sud en novembre 2015. Photo L'Alsace/Darek Szuster

La toile enduite microperforée était assez légère, de 310 g/m². Ainsi, l’ensemble ne dépasse pas les 400 kilos. Photo L'Alsace/Darek Szuster

La toile enduite microperforée était assez légère, de 310 g/m². Ainsi, l’ensemble ne dépasse pas les 400 kilos. Photo L'Alsace/Darek Szuster

En 2015, le temple se recouvre d'une bâche

Le temple Saint-Étienne de Mulhouse a revêtu en novembre 2015 ses habits de Noël, mais aussi de printemps et d’été. Le visuel en trompe-l’œil était signé Sandrine Ziegler-Munck et posé par l’entreprise Prevel-signalisation. L’impression dans cette dimension est une première pour les techniciens de Rixheim.

Les passants de la place de la Réunion ont souvent le nez en l’air depuis vendredi… Le regard tourné vers la façade sud du temple Saint-Étienne de Mulhouse. Normal, les hommes de Prevel-signalisation terminent d’accrocher les bâches géantes sur la façade de l’édifice religieux en travaux. « On a trois jours de travail sur la façade. Normalement tout devrait être terminé lundi » , prévient Jean-Philippe Prevel, gérant de Prevel-signalisation.

Pour la PME de 15 salariés de Rixheim, cette commande est aussi un gros défi technique. « C’est clairement notre plus gros format. Pour nous, c’est une première, avec 35 m en hauteur et une surface de 1300 m². On a travaillé dix jours sur ce projet, entre la réception du fichier que nous a transmis Sandrine Ziegler-Munck, la créatrice de la fresque et la pose. »

Des microperforations pour le vent

Le « poids » numérique du fichier ? 1,5 giga « sur lequel on a fait un layout (NDLR : une mise en page) ; en gros on a créé un gigantesque puzzle » , poursuit Jean-Philippe Prevel. Car, malgré une machine d’impression capable de travailler sur une largeur de 3,20 m et avec des rouleaux de 60 m, pas question évidemment d’imprimer la fresque d’un seul coup. La bâche est donc fabriquée par morceaux, puis l’ensemble est soudé, les fourreaux et les œillets posés… Juste pour donner une idée du gigantisme de la fresque, quand il a fallu souder les parties entre elles, l’équipe de Prevel-signalisation s’est tournée vers le Parc-Expo de Mulhouse pour pouvoir bénéficier de sa surface au sol plane et protégée. « On travaille sur une toile enduite microperforée assez légère, de 310 g/m². Ainsi, l’ensemble ne dépasse pas les 400 kilos. Et c’est une toile recyclable imprimée avec des encres sans solvant. Cette dimension écologique faisait partie du cahier des charges de la commande. »

Jusqu’en août 2016

Les microperforations ne sont pas là pour alléger la toile, mais pour permettre au vent de la traverser, histoire que cette belle fresque ne se transforme pas au premier coup de vent en dangereux spinnaker. « La plus grosse contrainte a été de s’adapter à l’échafaudage. La finition va consister à retendre la toile des trois lés de 35 m de long » , poursuit Jean-Philippe Prevel. Objectivement, le résultat visuel est bluffant. Cela signifie que le travail de la créatrice est réussi, mais que, derrière, les techniciens de Rixheim ont réussi à transformer un dessin numérique en trompe-l’œil sur toile capable de résister aux intempéries, jusqu’au mois d’août 2016.

Le coût de la création s’élève à 13 000 € (HT), une somme qui est incluse dans le budget global des travaux du temple (plus de 2 millions d’euros).

Laurent Gentilhomme (novembre 2015)