La nouvelle vie
d'Oleg Ishchenko

« Avoir un projet dans lequel je maîtrise 100 % des choses, ça faisait un petit moment que j’y pensais. »

Depuis ses débuts dans l’équipe de rugby du collège d’Ottmarsheim, puis dans le XV de l’AS Chalampé sous la direction de Didier Juilleret, Oleg Ishchenko avait démontré sa capacité à se fondre dans un collectif avant même de s’ouvrir les portes du professionnalisme.
International en équipe de France des moins de 20 ans, avec en prime un Tournoi des Six Nations dans la catégorie en 2014, il a visiblement fait le tour de la question.

Oleg Ishchenko en 2010 avec le maillot de Chalampé. Photo d'archives Jean-François FREY

Oleg Ishchenko en 2010 avec le maillot de Chalampé. Photo d'archives Jean-François FREY

Il avait bien goûté au Top 14 avec Montpellier dès sa dernière année chez les moins de 20 ans. Mais sa marche en avant a ensuite été freinée : il est allé de club de Pro D2 en club de Pro D2, Colomiers, Vannes et enfin Provence Rugby à Aix. Le Haut-Rhinois a manqué d’épanouissement et le confinement n’a sûrement rien arrangé à l’affaire.

« Je n’en voyais plus les bénéfices »

« Le rugby m’a énormément apporté, mais j’ai fait le tour de ce que j’avais envie de faire », confirme l’Alsacien. « Peut-être que j’aurais pu retourner en Top 14, mais je n’en avais plus envie. Mon entraîneur ne cesse de regarder des matches de rugby. Moi, à part l’équipe de France, je n’en visionnais pas d’autre. Ça demande certains sacrifices, deux entraînements par jour et une hygiène de vie irréprochable. Je n’en voyais plus les bénéfices. »

Oleg Ishchenko ne s’arrête pas sur un coup de tête. Sa vie de rugbyman lui avait fait vivre des épisodes sans jouer qui l’avaient déjà fait réfléchir. « La première fois que j’y ai pensé, c’était à Vannes, après déjà presque un an sans jouer à Colomiers. Depuis, ma réflexion a mûri. »

« Je ne pouvais pas jouer comme pilier en ne pesant que 90 kilos

Ouvert depuis toujours à des activités annexes, le Biélorusse d’origine, qui a débarqué en France à l’âge de 11 ans, a trouvé une autre voie… à 27 ans seulement ! « Je ne pouvais pas jouer comme pilier en ne pesant que 90 kilos, mon objectif, alors que je suis déjà descendu à 95 kilos aujourd’hui », pointe l’intéressé, qui avait pesé jusqu’à 112 kg pour occuper son poste.

Ce goût du corps bien dessiné dans une tête bien faite ne date pas d’aujourd’hui. L’enthousiaste rugbyman s’est toujours intéressé au développement musculaire dans des pratiques variées. « J’adore la transformation physique ! » Sa voie était toute trouvée, d’autant que l’affable Oleg Ishchenko sait transmettre sa motivation à ses clients, comme le ferait un entraîneur à ses joueurs dans un vestiaire.

« Ça me demandait d’accepter que mon corps ne me plaise pas »

Le milieu du sport professionnel ne répondait en revanche plus à ses attentes. « Les valeurs du rugby, je ne les retrouvais pas dans le club où j’étais. Bien sûr, il y avait d’excellentes valeurs chez une majorité des gens, mais il n’y avait plus la même connexion en dehors du terrain comme à Vannes. La preuve, je ne regrette rien et ça ne me manque pas du tout. Ce n’était pas une décision difficile, mais logique. »

Sous contrat avec le club provençal, il a heureusement bénéficié d’une écoute de ses dirigeants. « J’ai eu une discussion avec le président Denis Philipon pour lui dire que j’étais arrivé à un point, dans ma vie, où je devais faire un choix : soit je faisais à moitié du rugby en pensant à autre chose, et c’était un handicap pour moi-même et l’équipe ; soit je quittais le rugby. Quand je fais quelque chose, c’est à fond ! Je l’ai appelé le 24 mai pour confirmer que j’avais pris ma décision. »

La réponse était donc dans la question… Oleg Ishchenko et le club de Pro D2 se sont séparés en bonne intelligence. À tel point qu’il a désormais pris ses quartiers à Nîmes, où il avait investi dans l’immobilier.
« Je ne l’ai pas annoncé de suite, mais quand les autres l’ont su, ils étaient un peu surpris. Ils se doutaient que j’avais besoin de quelque chose d’encore plus profond, qui apporte encore plus de satisfactions. Mais on est très vite oublié, dans n’importe quelle activité. On te dit que tu es le meilleur joueur du monde, mais personne ne m’a envoyé de message ! »

« Une profonde gratitude »

Oleg Ishchenko n’est toutefois pas amer. Au contraire, il se retourne avec plaisir sur son parcours de rugbyman. « J’ai une profonde gratitude par rapport à ce que j’ai pu vivre dans le rugby. J’ai découvert le rugby à 14 ans à Chalampé, je suis arrivé à 18 ans à Montpellier pour être financièrement autonome. C’est une formidable école de la vie, dont je ne retiens que du positif. C’est juste qu’aujourd’hui, ça ne me correspond plus. »

Oleg ISHCHENKO a découvert le rugby à Chalampé à l'âge de 14 ans. Photo d'archives L'Alsace/Jean-François FREY

Oleg ISHCHENKO a découvert le rugby à Chalampé à l'âge de 14 ans. Photo d'archives L'Alsace/Jean-François FREY

Avec la force de caractère qui le caractérise, Oleg Ishchenko a retrouvé cette énergie qui lui faisait déplacer des quintaux sur les pelouses de rugby. Elle lui donne aujourd’hui le courage de plaquer le rugby professionnel en pleine force de l’âge pour se lancer dans l’entreprenariat, ce qui n’est pas sans risques.

Oleg ISHCHENKO


Né le 24 janvier 1994 à Pinsk (Biélorussie), 27 ans
Poste : pilier
Clubs successifs : AS Chalampé, Montpellier (2013/16), Colomiers (2016/17), Vannes (2017/18), Provence Rugby (2018/21)
Palmarès : Tournoi des Six Nations U20 en 2014, champion d’Europe de rugby à 7 des moins de 19 ans en 2013

Son projet : « C’est important pour moi que mon physique parle »

Oleg Ishchenko s’investit tellement dans sa structure « Fit-transform » de transformation physique, qu’il se l’applique à lui-même. Et il l’affiche sur les réseaux sociaux !

Oleg Ishchenko a toujours eu le culte du corps. Le rugbyman a transformé sa passion en entreprise après avoir cherché sa voie dans l’événementiel. Mais des rencontres, des démarches et la pandémie de coronavirus l’ont ramené à l’essentiel, avec son projet « Fit-Transform ». Le principe : assurer un coaching à distance pour réaliser à terme un chiffre d’affaires de 120 000 euros.

Passé de rugbyman à chef d’entreprise, Oleg Ishchenko mesure l’étendue de la tâche. « Bien sûr qu’il y a un risque, mais de rester dans quelque chose qui ne me plaît pas, est-ce que c’est le plus important ? Je me suis posé plein de questions et aujourd’hui, je suis déterminé. Le tournant a été un événement à Strasbourg, où j’ai rencontré d’autres personnes en formation sur le même thème. Dans ma tête, je me suis senti à ma place et je me suis laissé deux jours de réflexion, qui n’ont rien changé. »

« Je ne vends pas des miracles »

Avant de développer sa clientèle, Oleg Ishchenko tient à montrer l’exemple. Il fait sa promotion sur les réseaux sociaux… avec son propre corps. « Je communique via Facebook. J’ai physiquement retrouvé ce que j’ai toujours eu envie d’être. Il faut montrer l’esthétique, si j’en vends ! », sourit l’Alsacien désormais basé à Nîmes. « Même si je ne travaillais pas dans ce domaine, je le ferais quand même ! C’est une crédibilité, c’est important pour moi que mon physique parle. »

Cette preuve par sa propre image a déjà fait mouche. « Ça montre les compétences, on voit que ça marche ! » Sa force de persuasion est un élément-clé pour déclencher la prise de contact, mais tout reste alors à élaborer. « Aujourd’hui, tout le monde sait ce qu’il faut faire, mais pourquoi personne ne le fait ? Il faut trouver le mode de vie approprié pour réussir à se transformer. Avec des astuces, je peux aussi apprendre aux gens à garder leur masse musculaire. Le rugby m’a apporté 20 % de compétences. Les 80 % restants, je les ai développées à côté, avec l’aspect psychologique. »

C’est dans le domaine du mental, qu’il a aussi exploré en tant que compétiteur de haut niveau, qu’Oleg Ishchenko estime trouver les ressorts. « Je suis en train de beaucoup réfléchir sur la motivation d’une personne qui n’arrive pas à avancer. C’est là tout l’objet de mon travail : trouver les choses de la vie qu’il faut changer, le problème qu’on n’a pas su résoudre et comprendre comment le gérer. Des personnes ont fait des régimes, mais elles n’ont pas touché à l’essentiel. Je ne vends pas des miracles, mais un bon accompagnement qui va créer une habitude différente. Si on prend la bonne voie pendant un an, on transforme ! »

Afin de garder le cap dans son projet, un minimum de 100 clients sont nécessaires à Oleg Ishchenko, qui s’appuie sur les nouvelles technologies. « Je suis dans le développement-accompagnement. Si j’aide chacun avec une activité 100 % en ligne, ça me permet d’accompagner encore plus de personnes », assène-t-il. « C’est à chaque fois la même problématique à adapter à un système. »

L’accompagnement de « l’ancien » rugbyman a un coût, de 1200 € sur trois mois ou 3500 € durant une année. Oleg Ishchenko compte transformer l’essai dans une société marquée par des confinements qui ont pesé autant sur le moral que sur le physique.

Photo Facebook/@Oleg Ishchenko - Transformation Physique

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